L'une des choses les plus difficiles, dans ma profession, c'est de gérer les problèmes qui surviennent au cimetière. Dégâts causés par l'érosion ou les entreprises, guéguerre entre les entreprises de pompes funèbres (vive la libéralisation !), problèmes d'application du règlement intérieur, trou qui se remplit d'eau au fur et à mesure que l'on creuse... tout ceci n'est rien sur le papier, mais devient très délicat quand on se trouve face à une personne éplorée, en plein deuil. Récemment, suite à des travaux, un caveau a été abîmé sur le devant, on voyait presque le cercueil par le trou. Que dire au monsieur qui "venait d'y mettre sa femme" ? Une autre fois, c'était une dame qui me faisait constater, en larmes, une invisible éraflure que je ne voyais pas à l’œil nu et qu'elle s'obstinait à me montrer à l'écran de son téléphone portable. Et celle qui ne voulait surtout pas d'un emplacement à côté des cinquantenaires, au motif qu'elle achète une concession perpétuelle, et que les cinquantenaires, "c'est un peu la zone quand même". Non, ce n'est pas facile dans ces moments-là... de lutter contre le fou rire.