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Sueurs froides

  • Souris puisque c'est grave

    L'une des choses les plus difficiles, dans ma profession, c'est de gérer les problèmes qui surviennent au cimetière. Dégâts causés par l'érosion ou les entreprises, guéguerre entre les entreprises de pompes funèbres (vive la libéralisation !), problèmes d'application du règlement intérieur, trou qui se remplit d'eau au fur et à mesure que l'on creuse... tout ceci n'est rien sur le papier, mais devient très délicat quand on se trouve face à une personne éplorée, en plein deuil. Récemment, suite à des travaux, un caveau a été abîmé sur le devant, on voyait presque le cercueil par le trou. Que dire au monsieur qui "venait d'y mettre sa femme" ? Une autre fois, c'était une dame qui me faisait constater, en larmes, une invisible éraflure que je ne voyais pas à l’œil nu et qu'elle s'obstinait à me montrer à l'écran de son téléphone portable. Et celle qui ne voulait surtout pas d'un emplacement à côté des cinquantenaires, au motif qu'elle achète une concession perpétuelle, et que les cinquantenaires, "c'est un peu la zone quand même". Non, ce n'est pas facile dans ces moments-là... de lutter contre le fou rire.

  • Testé pour vous : consulter et emprunter par temps de crise

    On ne parle que ce ça en ce moment : la cri-se ! L'été dernier, nous avons lancé un marché de travaux et consulté quelques banques pour un projet utile, nécessaire à la collectivité, pas luxueux. Résultat des courses :

    - des offres 30 % supérieures à l'estimation ;

    - trois banques sur 5 nous suivaient avec des propositions classiques (du taux fixe, du taux fixe et encore du taux fixe !), chères mais correctes globalement.

    L'appel d'offre ayant été déclaré infructueux, nous avons tout recommencé à l'automne et voici le résultat début 2012 :

    - côté entreprises, on est à 10 % en dessous de l'estimation (la même !), elles ont besoin de travailler à tout prix,

    - côté banques, c'est le blackout, pas de réponse durant les fêtes, une timide offre de la Caisse d'Epargne qui ne peut nous financer qu'à hauteur de 25 %, une simple carte de voeux de la part du Crédit Mutuel. Heureusement qu'il y a le Crédit Agricole... mais leur offre ne tient que quelques jours.

    Il est vrai qu'en 12 ans je n'avais jamais observé cette conjonction de deux phénomènes étranges : offres basses et banques absentes. Comme si on assistait à la fois à une éclipse et au passage d'une comète, et qu'alors on s'aperçoit que le téléscope est cassé.

  • De saison

    J'adore quand, après m'être affolée en constatant dans mon agenda qu'aujourd'hui c'est la date limite impérative - "de rigueur faute de quoi votre dossier ne pourra être déclaré recevable" -  pour rendre le dossier de demande de subvention de notre important projet-du-mandat, et après avoir fébrilement rassemblé les pièces nécessaires, vérifié dans la précipitation l'adéquation entre le plan de financement et les devis, mugi en réalisant que ça ne concorde pas, trouvé finalement l'erreur, apposé la "griffe du Maire" qui n'a aucune valeur juridique mais bon, scanné le tout et envoyé le fichier en urgence par courriel à la personne qui traite les dossiers à la Préfecture, en promettant l'envoi illico de l'original du dossier par la Poste, je reçois la brève réponse suivante :

    "Message automatique d'absence du bureau. Absente pour congés du 15 juillet au 15 août"

  • La caisse noire (1)

    Tôt ou tard, dans sa vie professionnelle, le fonctionnaire est amené à connaître l'existence d'une caisse noire [murmures horrifiés]. Bien sûr, il y a celles des ministres, mais si l'on s'amusait à ouvrir tous les tiroirs des administrations de ce pays, les enveloppes de Mme Bettencourt paraîtraient peut-etre ridiculement chiches en comparaison.

    (Une différence notable consiste toutefois en l'utilisation qui est faite de ces sommes fantômes.)

    Tenez, par exemple, il y a la caisse noire des photocopies à la mairie. Il faut dire que la perspective de créer une régie, de nommer un régisseur, de faire des dépôts au Trésor Public tous les mois, de tenir un registre, tout cela pour encaisser quelques centimes, nous fait parfois baisser les bras.

    Il convient cependant d'être vigilant, surtout quand le Trésorier tient une permanence dans vos locaux et entend tout ce qui se dit à l'accueil.

    "Bonjour Madame.

    - Bonjour, c'est pour des photocopies.

    - Oui, bien sûr.

    [Wzzzzzz, dit le photocopieur en crachant ses feuilles.]

    - Combien je vous dois ?

    - Mais... rien du tout.

    - Ah bon, c'est gratuit aujourd'hui ?"

    Gasp. Derrière sa table, le Trésorier a levé un sourcil.

     

     

  • Admiration

    Le conseil municipal commence. Le Maire et moi avons à peine eu le temps de nous voir avant la séance, et comme d'habitude, au cours de la semaine, des points se sont ajoutés à l'ordre du jour. Je lui ai glissé des indications au crayon dans la note de synthèse dont il se sert comme fil conducteur. Les points défilent sans trop de difficulté, les délibérations sont votées à l'unanimité, tout va bien. Arrive un point plutôt technique, l'approbation du rapport annuel sur la qualité du service public des ordures ménagères, et soudain je réalise que j'ai sous-estimé l'intérêt que les conseillers pouvaient porter à ce rapport épais, truffé de chiffres et globalement imbitable. Ils le pressent de questions sur le contenu du rapport alors qu'il ne l'a pas lu... Tandis que je retiens ma respiration, le Maire se livre alors à un exercice périlleux : il prend connaissance du rapport en même temps qu'il le présente à l'assemblée, avec le ton vaguement désabusé d'un expert qui consent à se livrer à de la vulgarisation scientifique. J'observe les réactions, les élus n'y voient que du feu. Chapeau.