L’hiver revient, et avec lui la froidure et les entretiens d’évaluation. Je prends chaque agent en tête à tête pendant plus d’une heure, c’est un grand moment d’écoute et d’échange, disent les formateurs en management. Vient le moment où il faut formuler quelques critiques constructives sur le travail. Pas des reproches, non, surtout pas. C’est là qu’on s’aperçoit qu’on ne peut pas tout dire. À celle qui se plaint d’être noyée sous le travail, mais ne déploie pas une vivacité extrême et patauge manifestement dans la compréhension de certains détails techniques, comment lui dire qu’elle est lente comme loutre lymphatique, qu’elle ne comprend rien à rien ? Mes tentatives de critique constructive se muent en noyade de poisson. La loutre se dérobe comme une anguille.
Le management pour les nuls - Page 2
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Non, on ne peut pas tout dire
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Arguments désespérés pour convaincre un agent de souscrire à la garantie maintien de salaire
"Personne n'est à l'abri d'un accident, vous savez. Un accident de voiture, un accident du travail... [en désespoir de cause] un accident... de chasse ?"
"Regardez, ma belle-mère, pour une simple chute, déjà six semaines de plâtre et autant de rééducation, on y est, aux trois mois d'arrêt de travail !"
"Avec l'épidémie de grippe, pour peu que vous attrapiez une gastro tout de suite après, c'est vite fait..."
"Si vous souscrivez le contrat-groupe, pas de questionnaire de santé ! Vous ne serez pas obligé de dire ce que vous buvez et fumez, pensez-y !"
"Vous ne viendrez pas pleurer le jour où vous vous retrouverez à mi-traitement. Sachez que les avances sur salaire sont interdites !"
"Bonne nouvelle : le point d'indice de la fonction publique vient d'augmenter de 0,3 %. Sinon, je voulais vous parler du contrat-groupe..."