Je m'escrime depuis le début de la matinée sur un arrêté que le service instructeur d'urbanisme nous demande de prendre. Le modèle qui m'est proposé est bizarre : il ne dit rien. Un arrêté, c'est fait pour décider quelque chose, non ? Intriguée, je creuse un peu. J'ai beau avoir quelques années de fonction publique territoriale derrière moi, quand j'ai le sentiment de faire quelque chose d'inutile, eh bien ça continue de m'agacer. Je vérifie les références mentionnées par le procès-verbal de la commission de sécurité, puis le verdict tombe sur Légifrance : articles abrogés. Et depuis 2007, quand même. Donc la commission préfectorale de sécurité continue à émettre des PV qui citent des articles abrogés du Code de la Construction et de l'Habitation. Bon, il va falloir trouver le moyen diplomatique de leur dire.
Je suis interrompue par la Trésorerie pour "un problème avec les payes", me dit la collègue du standard affolée. Le problème, c'est un arrêté où le mot "hebdomadaire" s'est malencontreusement substitué au mot "mensuel". "Je ne vois pas comment on peut faire 120 heures hebdomadaires", dit la trésorière si sérieusement que je me dis qu'elle n'a pas vu que c'était une coquille et qu'elle nous soupçonne de malversations. "Les virements sont bloqués jusqu'à ce que vous ayez modifié l'arrêté". Là, c'est moi qui n'ai plus du tout d'humour.
Bon, me dis-je, un arrêté faux dans chaque camp, égalité.