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Journal d'une attachée détachée - Page 16

  • En sursis

    La sanction est tombée pour Aurélie Boullet, moins lourde que prévu, mais assortie d'une innovation juridique : la période d'observation de 6 mois, ou encore "6 mois de sursis". Je ne savais pas que le statut prévoyait cela. Décidément, cette affaire aura été surprenante à bien des égards.

    Et puis d'abord elle m'énerve, cette Aurélie. Son personnage d'administratrice brillante mais cool m'exaspère. C'est peut-être parce que je reviens de mon oral d'examen d'attaché principal qui a été calamiteux...

    Questions posées par le jury :

    "Quelle est la différence entre un chargé de mission et un encadrant ?" (Ils sont cons ou quoi ?)

    "Pensez-vous que l'intercommunalité soit une bonne chose" (à tous les coups, ils m'attendent au tournant sur la mutualisation des services, tarte à la crème du moment...)

    "Quelle est la dernière réforme constitutionnelle ?" (La cata. J'ai séché.)

    Grrrr...

  • Cher Trésor

    Encore récente dans ma nouvelle collectivité, je cherche un moment la délibération approuvant le versement de l'indemnité de conseil et de budget à notre trésorier, pour m'apercevoir finalement qu'elle n'a pas été reprise depuis 2004 et qu'elle porte le nom de l'ancien trésorier.

    Défaut de pièce justificative, donc. Et pourtant, c'est drôle, le trésorier n'a jamais rejeté le mandat correspondant.

  • Les chemins qui mènent aux Roms

    Il y a quelques temps, nous avions des problèmes avec notre salle des fêtes qui était régulièrement louée pour des mariages. Des mariages communautaires, comme disent les journaux. 800 invités alors que la salle n'en contient que 300, des vivres par palettes entières, des centaines de voitures garées dans les massifs. Le lundi matin, à l'état des lieux de restitution, le cousin de la mère du marié, seul au milieu d'un océan de détritus, ne prenait même pas la peine de réclamer le remboursement de la caution, versée en liquide, laquelle ne couvrait pas la facture de l'entreprise de nettoyage.

    Stop ! ont dit les élus, on ne leur loue plus.

    Tout le monde était d'accord sur la nécessité d'agir. On avait épuisé les moyens de coercition, il allait falloir réglementer. On sentait bien cependant que la rédaction de la délibération serait délicate. Rapport au contrôle de légalité, mais aussi peut-être à une forme de gêne que nous ressentions.

    Oui, dans les communes, on a parfois d'étranges scrupules.

     

     

     

  • GIPA ou pas ?

    Pour la troisième année consécutive, le gouvernement nous accorde royalement la Garantie individuelle du pouvoir d'achat. La GIPA. Elle consiste à verser une prime aux agents dont le pouvoir d'achat n'a pas suivi l'inflation ces quatre dernières années. Un geste généreux, très beau, vraiment.

    Pour calculer cette prime, il faut simplement appliquer à chaque agent une formule de calcul que l'on trouve par exemple ici.

    La première année, je me suis fait avoir, j'ai pris chaque agent un par un. Zéro, zéro et trois fois zéro. Tiens, me dis-je, flairant vaguement l'entourloupe, c'est signe que les carrières sont dynamiques, les agents ont eu des avancements, leur pouvoir d'achat a progressé plus vite que l'inflation, tout va bien.

    La deuxième année, j'avais changé de collectivité. J'ai pris mes nouveaux agents un par un. Toujours rien. D'accord, ça y est, j'ai compris. La GIPA a été inventée par des esprits retors pour nous apporter la démonstration mathématique de notre scandaleuse progression.

    Cette année, la GIPA, j'irai pas.

  • Ce que j'ai trouvé dans les dossiers des agents

    Voici en vrac ce que j'ai pu trouver dans les dossiers des agents en prenant mes fonctions, soigneusement rangés par l'ancien secrétaire général :

    - une coupure de journal mentionnant la composition du bureau de l'association "Vie Libre", soutien aux alcooliques et anciens alcooliques, où le nom de l'agent avait été stabiloté, il avait été élu secrétaire de l'association ;

    - une convocation au tribunal suite à un dépôt de plainte pour coups et blessures (c'est l'agent qui était la victime) ;

    - plusieurs lettres d'avertissement portant bien entendu la mention "le présent avertissement ne sera pas porté à votre dossier" ;

    - quantité de mots manuscrits : "tel jour à telle heure, le véhicule de l'agent était garé devant chez Mme Untel", "tel jour à telle heure, ai discuté avec l'agent qui n'explique pas son geste et se dit déprimé", etc.

    - une lettre d'un agent demandant à être relevé de ses fonctions de responsable, sans donner de motif (il semblerait qu'aucune suite n'ait été donnée à cette demande).

    Inutile de dire que le destructeur de papier a chauffé.