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Journal d'une attachée détachée - Page 7

  • Notre premier mariage gay

    Ma collègue qui s'occupe des mariages me met un dossier sous le nez.

    "Regardez !"

    Je regarde, je ne vois pas où elle veut en venir. Elle me montre les prénoms : Christelle et Estelle. 

    "Ah, super ! Notre premier mariage gay, enfin lesbien !

    - Je demande à qui comme élu, vous croyez que le Maire va le faire ? Parce qu'elles m'ont demandé s'il serait d'accord.

    - Oui, je pense."

    Notre Maire a toujours dit, pragmatique : si c'est la loi, je le ferai. Par contre, le 1er et le 2ème adjoint sont plutôt catholiques pratiquants, on va éviter de leur demander.

    Curieusement, mes collègues, qui ont eu des positions assez tranchées lors du débat pour le mariage pour tous, sont plutôt enthousiastes à l'annonce de ce mariage : ah c'est super ! dit l'une, On est à la pointe de l'actualité, dit l'autre. Et, surtout, il s'agit d'un couple bien connu dans le village. Alors oubliées les grandes théories sur la famille, les remarques homophobes, les déclarations à l'emporte-pièce, là c'est différent puisqu'il s'agit de Christelle et d'Estelle !

  • La vieille et la venelle

    Elle est assise devant moi, le menton tremblant, les mains serrées sur un mouchoir.

    "Vous comprenez, c'est devenu infernal, ces jeunes, ils jettent de la terre sur nos fenêtres, ils nous insultent. Il faut fermer ce passage !"

    Je mime la compassion. Elle m'emmerde franchement. Je sais par ailleurs que c'est elle qui insulte les gens qui empruntent cette fichue venelle sous ses fenêtres dont elle n'a jamais voulu.

    "On n'en dort plus, on ne pense qu'à ça. Alors vous, vous allez fermer le passage !"

    J'essaie de lui expliquer que les élus ne seront certainement pas d'accord pour fermer ce passage très utile pour rejoindre le centre-bourg. Elle me sort alors la menace suprême.

    "Et encore, là, vous avez de la chance que ce soit moi, parce que si c'est mon mari qui vient, ce s'ra une autre chanson !"

  • Et vogue la galère

    Cette année, et bien qu'étant dans une commune qui a ajourné la réforme scolaire comme la majorité des communes, je constate que le rythme scolaire s'est considérablement compliqué avec la mise en place des Activités Pédagogiques Complémentaires. Au-delà de la désagréable impression d'une école "à la carte", les parents ont de quoi se perdre. En effet, voici à quoi peut ressembler la journée de leur enfant :

    - 7h30, accueil périscolaire (municipal),
    - 8h00, APC (avec leur enseignant),
    - 8h30, début de la classe,
    - 11h30, pause méridienne ou récréation surveillée par les employés communaux,
    - 12h00, repas servi par les employés communaux,
    - 12h40, activités sportives ou culturelles avec les animateurs de la communauté de communes,
    - 13h30, reprise de la classe,
    - 16h30, accueil périscolaire pour les uns, aide aux devoirs pour les autres, aide personnalisée enfin pour certains,
    - sans compter les activités extra-scolaires qui bien souvent prennent place le soir.
    Certes, nous avons la chance de bénéficier d'activités proposées par la com'com', mais de nombreuses communes sont dans le même cas.

    Pas étonnant qu'en cas d'accident ou de petit bobo, la première question soit : "C'était à quelle heure ?"
     



  • La Reine Mère

    Il arrive que l'ancienne secrétaire de mairie vienne nous rendre visite. Aussitôt, mes collègues redeviennent des petites filles à ses ordres. Elles l'écoutent religieusement, se laissent houspiller avec adoration. Je lis dans leurs yeux de la nostalgie, à croire qu'elles ont tout oublié des petites misères dont elles m'ont fait la confidence.

    Une gêne s'établit entre nous. J'ai rencontré son écriture dans tous les dossiers, lu ses petites notes appliquées. C'est de l'ordre de l'intime, de l'indicible. Nous ne sommes pas ennemies, mais nous ne pourrons jamais devenir complices. Un peu comme l'épouse et l'ex épouse. Et puis, nous ne sommes pas de la même générations, nous ne travaillons pas de la même façon, elle doit trouver choquant d'avoir remplacé sa belle écriture par des pages imprimées dans le registre du conseil municipal.

    J'ai connu une mairie où la secrétaire de mairie était appelée "la mère". Il y avait la mère et le maire. C'était même inscrit sur les étiquettes du téléphone pour les appels en interne.

  • Courage, dématérialisons !

    Je sors, la tête farcie, d'un énième rendez-vous avec un fournisseur de solutions informatiques en vue de la dématérialisation de nos documents. Avec l'approche de l'échéance de 2014 - pas celle des municipales, celle du fameux PES V2, le nouveau protocole d'échange standard de la Direction des Finances - nous allons enfin passer à la transmission dématérialisée des pièces justificatives : factures, devis, bons de commande, marchés. Du coup, je suis assaillie de demande de rendez-vous des prestataires informatiques de la région. Open Bee, Nérios, Therefore, c'est toute une panoplie de solutions, toutes différentes, toutes séduisantes, mais impossibles à comparer entre elles. Ceci dit, il y a toujours une faille.

    "Et... pour les factures écrites à la main, sur papier autocopiant au format A5, on fait comment, ça reconnaît les caractères quand même votre technologie OCR ?
    - Comment ça, des factures à la main ?
    - Ben oui, la boulangerie du coin de la rue qui fournit la cantine, la station d'essence où vont les véhicules municipaux...
    - Ah non, là ça océrise pas, ça océrisera pas du tout..." a reconnu le commercial d'un air soudain très las.